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Synthèse de la concertation «Santé mentale» #3

14 Août

Le 20 mai 2025 s’est tenue la troisième Concertation thématique « Santé Mentale » du Bassin Nord-Est. Ces concertations, ouvertes à tous·tes les acteur·rices social-santé du territoire, ont pour objectifs de faire remonter les besoins observés sur le terrain, de partager les actualités, d’identifier des ajustements en termes d’offre ou de collaboration, et de faire émerger des ajustements et actions concrètes à discuter collectivement.

Ce rendez-vous de mai a réuni une quinzaine de professionnel·les de la santé, du social et de la santé mentale. La rencontre était structurée autour de trois temps principaux : une veille des besoins, l’analyse d’une situation complexe et un temps de partage de ressources utiles aux intervenant·es de première ligne.

 

Dans un premier temps, un travail de veille en binômes a permis aux participant·es d’échanger autour des constats posés lors des précédentes concertations et des besoins émergeant sur le terrain. Ces discussions ont nourri une mise en commun collective axée sur le partage de ressources concrètes et sur l’identification de leviers d’ajustement.

Ensuite, un travail d’analyse collective d’une situation complexe vécue et présentée par un·e professionnel·le du bassin a permis de croiser les regards sur une problématique concrète, d’en explorer les points de blocage et les pistes de mobilisation collective.

Un temps de partage d’actualités et de ressources était également prévu. Faute de temps, cette partie n’a pas pu être présentée en plénière mais reste disponible dans le support de présentation (ici).

 

 

Des réalités concertées… 

 

Les échanges ont mis en évidence une série de freins, besoins et manques repérés sur le terrain, ceux-ci allant des difficultés d’accès à l’aide (stigmatisation, tabous culturels, barrières linguistiques) aux conditions de vie particulières de certains publics (parents solos, personnes en situation irrégulière, jeunes) en passant par des enjeux liés à la qualité de la relation d’accompagnement (accueil, accompagnement physique, continuité du lien) et des attentes exprimées par les professionnel·les en matière de formation, de soutien et de collaboration.

Ces constats prennent une résonance particulière dans certains quartiers du bassin. À Helmet, l’absence de lieux de lien et de services en santé mentale alimente le sentiment d’abandon chez les jeunes. Ce constat fait écho à la littérature qui souligne que l’isolement social chez les jeunes peut être associé à des symptômes d’anxiété, de dépression ou à certaines consommations à risque, avec un impact possible sur leur santé mentale à long terme1.

 

L’accompagnement de personnes présentant un syndrome de Diogène (trouble du comportement qui se caractérise par une négligence extrême du domicile, une hygiène déficiente, un isolement social et une accumulation compulsive d’objets) suscite un sentiment d’impuissance chez les intervenant·es en raison du manque de structures spécialisées et de relais adaptés. Plusieurs professionnel·les soulignent aussi les difficultés d’orientation vers les équipes mobiles psychiatriques, parfois liées à un manque de lisibilité de leurs conditions d’intervention, ce qui peut mener à une forme de découragement ou de renoncement à les solliciter.

 

Un besoin transversal est revenu avec insistance : celui de préserver la continuité du lien humain, notamment à travers des formes d’accompagnement physique. Dans certaines situations, orienter vers un service ne suffit pas : il est nécessaire qu’une personne accompagne concrètement, en présence, pour créer un lien de confiance, lever certaines peurs, faciliter l’accès. Ce besoin concerne notamment des publics vulnérables, peu enclins à entreprendre une démarche seule, ou dont les troubles rendent la mise en mouvement difficile.

 

Plusieurs intervenant·es ont également exprimé leur fatigue face à des situations qui sollicitent fortement leur engagement émotionnel sans toujours disposer d’un cadre pour les déposer, les penser collectivement ou les relayer. Dans ce contexte, parallèlement au recensement inter-bassin des formations à destination des professionnel·les, un travail spécifique est engagé au sein du bassin Nord-Est pour identifier et rendre visibles les espaces existants où les professionnel·les peuvent échanger, partager et renforcer leurs liens de collaboration.

 

Enfin, l’isolement des parents solos et le manque de ressources à leur disposition ont été identifiés comme préoccupants. Ce constat rejoint un phénomène bien documenté à Bruxelles : en 2024, près de 13 % des ménages à Schaerbeek et Evere (12,8 %), et 11,9 % à Saint-Josse sont des familles monoparentales (contre ~11,6 % en moyenne régionale). À l’échelle de la Région, près d’un ménage sur trois avec enfants est désormais monoparental2.

 

 

Des ressources partagées… et un besoin de visibilité

 

Face à la diversité des constats, plusieurs professionnel·les ont partagé des ressources concrètes mobilisables sur le bassin mais souvent peu connues ou difficiles d’accès. C’est notamment le cas pour les familles monoparentales dont l’isolement et la précarité ont été soulignés. Un ensemble d’initiatives locales a été identifié : le portail parentsolo.brussels, Le 22 Rogier, le Projet Myriam, le guide édité par la commune d’Evere, ainsi que plusieurs acteurs de terrain (Planning familial d’Evere, Groupe santé Josaphat, Planning Saint-Josse, etc.) investis sur ces enjeux. Ces ressources, si elles sont nombreuses, gagnent à être mieux visibilisées auprès des professionnel·les de première ligne.

 

Du côté de l’accompagnement physique — évoqué comme une condition indispensable pour certaines personnes vulnérables — des services comme Les Amis d’Accompagner ou le Community Health Workers peuvent proposer des appuis précieux mais restent eux aussi trop peu identifiés.

 

Enfin, concernant les besoins des professionnel·les eux-mêmes, plusieurs dispositifs ont été partagés, comme les tables rondes de la CSD, le projet Veille du SSM Le Méridien. Ces espaces peuvent aider à penser collectivement des situations complexes, renforcer les liens ou simplement offrir un espace pour déposer.

 

 

Et maintenant ?

 

La prochaine CT Santé Mentale, prévue le 4 septembre 2025, sera consacrée au soutien des professionnel·les social-santé du bassin. Elle s’inscrira dans la continuité des besoins exprimés lors des échanges précédents.

 

  • Un premier axe portera sur le référencement des ressources existantes en lien avec la santé mentale : formations, supervisions, intervisions, groupes d’échange, lignes téléphoniques d’orientation, mais aussi immersions, temps de sensibilisation ou outils d’information. Ce travail, amorcé dans une dynamique inter-bassin, sera enrichi à l’échelle du Nord-Est pour produire un outil lisible et actualisé, mis à disposition sur le site du bassin. Il vise à mieux outiller les professionnel·les, à rendre visibles les dispositifs existants et à favoriser les liens entre acteur·rices.
  • Un second temps sera consacré à la problématique du syndrome de Diogène, identifiée comme particulièrement difficile à prendre en charge. À partir de situations concrètes, les participant·es seront invité·es à partager leurs expériences, à identifier les ressources et à réfléchir collectivement à des pistes de relais ou d’actions partagées.

 

Les ressources recensées seront progressivement compilées et accessibles sur la page dédiée aux Concertations Thématiques « Santé Mentale » du site du Bassin Nord-Est.

 

(1) Brusano, Isolement social – ce que dit la littérature, 2025, p.7

(2) IBSA, Monoparentalité en Région bruxelloise – Focus n°74, mars 2024

La prochaine concertation « Santé mentale » est programmée le jeudi 4 septembre de 13 à 16 heures.

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