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Retour sur la concertation Santé mentale du 23/09/2024
31 Oct
Cet article n’a pas vocation à reprendre de manière exhaustive les discussions des différentes tables de travail mais de proposer un éclairage complémentaire à la synthèse disponible ici.
Cette première concertation s’est structurée autour de plusieurs objectifs clés :
- Lancer une concertation à l’échelle du Bassin Nord-Est sur les questions de santé mentale.
- Assurer une veille continue des besoins de la population et des acteur·rices en lien avec cette thématique.
- Faciliter le partage d’informations et d’actualités sur les services et initiatives de santé mentale.
- Explorer l’accessibilité aux services et aux initiatives de santé mentale à travers les problématiques soulevées lors des échanges.
Après une présentation sur les dimensions de l’accessibilité aux services, les participant·es ont travaillé en trois tables de discussion, où ils et elles ont abordé des questions cruciales autour de la stigmatisation et l’accueil inclusif.
- Représentations et stigmatisation en santé mentale
La première table de discussion s’est concentrée sur les représentations de la stigmatisation en santé mentale, en commençant par un partage de vécus et d’expériences. Plusieurs cas concrets ont illustré la manière dont la stigmatisation touche à la fois les usager·es et les professionnel·les.
Les participant·es ont souligné l’importance de replacer la personne dans sa globalité, en tenant compte de son contexte personnel, de son réseau social et de sa situation, au lieu de la réduire à ses troubles. Cette approche permettrait d’ajuster les attentes et de proposer un accompagnement plus adapté.
La discussion a également mis en lumière l’existence de l’auto-stigmatisation chez les usager·es, qui intériorisent les jugements portés sur elles et eux, renforçant ainsi leur exclusion sociale. La nature du langage utilisé a été identifiée comme un facteur clé de cette stigmatisation. Les termes tels que « psychotique » ou « dépressif·ve » contrastent avec ceux utilisés dans les pathologies somatiques, où l’on parle de « personnes atteintes de cancer », par exemple. Ce choix de mots influe directement sur la manière dont les troubles sont perçus et vécus.
Un autre point essentiel discuté est l’importance de l’accueil verbal et non-verbal. La manière dont un·e usager·e est reçu, que ce soit à travers les mots ou les gestes, joue un rôle crucial dans la création d’un environnement non stigmatisant. L’idée d’une personne de confiance accompagnant l’usager·e dans ses démarches vers d’autres structures a été avancée comme une bonne pratique pour maintenir la continuité du lien et réduire la stigmatisation.
- Optimiser l’accueil et le processus d’admission
La deuxième table de discussion a porté sur la manière d’ajuster l’accueil et le processus d’admission pour mieux intégrer les usager·es confronté·es à la stigmatisation. Les participant·es ont identifié des obstacles structurels tels que les listes d’attente saturées et les difficultés à maintenir le contact avec les usager·es lorsque des rendez-vous sont annulés.
Plusieurs solutions concrètes ont été proposées :
- Diversification des canaux de communication : Utiliser des outils comme WhatsApp, SMS, mails ou les réseaux sociaux pour faciliter la prise de rendez-vous, surtout pour les usager·es les plus fragiles, qui ont des difficultés à utiliser les canaux habituels.
- Disponibilité d’un accueil en présentiel : Inspiré par l’exemple de La Gerbe, qui propose des permanences quotidiennes, cet accueil sans rendez-vous permet de répondre aux besoins de celles et ceux qui ont du mal à respecter des horaires fixes.
- Visites à domicile : Pour les personnes ayant des difficultés de mobilité dues à des troubles physiques ou psychiques, ou des contraintes matérielles, la possibilité de rencontrer les usager·es chez elles·eux a été évoquée comme un ajustement pertinent.
Les participant·es ont insisté sur la nécessité d’établir un agenda commun pour pallier les ruptures de lien qui surviennent lorsque des rendez-vous sont annulés à cause de la maladie d’un·e professionnel·le ou de contraintes organisationnelles. Ces ruptures peuvent être particulièrement impactantes pour des usager·es pour qui ces rendez-vous représentent parfois leur seul lien social.
La gestion des fenêtres de tir (par exemple, des horaires d’appel très limités) a également été abordée. Certains services pourraient, par exemple, envoyer des messages pour s’assurer que les usager·es restent engagé·es, ou mettre en place des systèmes plus flexibles pour les listes d’attente.
- Vers des services plus inclusifs pour les publics à problématiques multiples
La troisième table de discussion s’est concentrée sur l’inclusivité des services pour des publics ayant des problématiques multiples (barrières linguistiques, difficultés financières, stigmatisation).
Les participant·es ont souligné la nécessité de former les professionnel·les à mieux gérer les émotions des usager·es, en particulier dans des situations de crise. L’approche interculturelle a été identifiée comme un levier important pour adapter les services. Un accès plus simple et systématique aux médiateur·rices interculturel·les a été recommandé pour répondre aux besoins de communication, notamment dans les situations où la barrière linguistique est un frein à l’accès aux soins.
Un autre aspect mis en avant est l’importance d’une approche holistique des soins, incluant des activités non directement liées aux soins. L’organisation d’ateliers dans des lieux non conventionnels, comme des cafés ou des espaces publics, peut aider à créer un lien de confiance avec les usager·es et ouvrir la porte à des échanges plus profonds.
La fracture numérique a été identifiée comme une barrière importante à l’accès aux services, notamment pour les personnes éloignées des technologies. Il a été proposé d’instaurer des protocoles d’accueil sans écran pour garantir que le premier contact ne soit pas dépendant des outils numériques.
Enfin, la discussion a souligné l’importance de renforcer les relations interprofessionnelles, notamment en créant des cadres favorisant l’interconnaissance entre les professionnel·les. Cela permettrait de mieux orienter les usager·es et de garantir une prise en charge plus inclusive.
Conclusion et prochaines étapes
Cette première concertation thématique a permis d’ouvrir un espace de réflexion et de propositions concrètes pour améliorer l’accessibilité aux services de santé mentale dans le Bassin Nord-Est. Les discussions ont mis en avant plusieurs ajustements faisables à mettre en place, tant au niveau de l’accueil que de l’inclusivité des services.
La prochaine concertation est prévue en janvier 2025 et permettra d’approfondir ces pistes de travail. Les dates et modalités seront bientôt communiquées.
Vous pouvez retrouver la présentation ainsi que la synthèse de cette rencontre sur la page dédiée aux Concertations thématiques.
N’hésitez pas à nous contacter pour tout complément d’information via l’adresse mail ou le numéro de téléphone du bassin.